Cesare Battisti, ancien membre du groupe “Les Prolétaires Armés pour le Communisme” durant les ‘années de plomb’, vient d’être extradé de Bolivie, où il venait de se réfugier après l’arrivée au pouvoir au Brésil, où il résidait auparavant, du candidat d’extrême-droite Jaïr Bolsonaro.

En 1988 il a été condamné par la Cour d’assises de Milan, par contumace, à la réclusion à perpétuité pour deux assassinats et deux complicités d’assassinat. S’il a toujours assumé politiquement son parcours, il s’affirme innocent des crimes qui lui sont reprochés : ils ont été commis entre juin 1978 et avril 1979 alors qu’il affirme avoir renoncé à la lutte armée suite à l’assassinat d’Aldo Moro le 16 mai 1978.

Emprisonné en 1979 puis condamné en 1981 pour “appartenance à bande armée”, il s’évade peu après et commence un long périple qui va le mener d’abord au Mexique, puis en France et enfin au Brésil.

Réfugié en France en 1990, il va bénéficier de fait de la “doctrine Mitterand”, se faire connaître comme auteur de plusieurs romans policiers, pris sous son aile par Fred Vargas, et reçoit le soutien de nombreuses personnalités. La Chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris ayant rendu un avis favorable à son extradition en juin 2004 et le président Chirac allant y donner suite – alors que sa demande de naturalisation allait aboutir -, il prend la fuite pour se réfugier au Brésil.

Arrêté en mars 2007, il sera relâché en juin 2011 et le Conseil National d’Immigration lui accordera le statut de résident permanent, le président Lula ayant entretemps refusé son extradition le 31 décembre 2010…sur laquelle la justice brésilienne s’est prononcée finalement favorablement en octobre 2018. Les faits pour lesquels il est poursuivi, et qu’il conteste, remontent à 37 ans.

Une amnistie serait la bienvenue, ou à tout le moins l’assurance d’un nouveau procès véritablement équitable. On peut en douter au vu des dernières déclarations du ministre de l’Intérieur, d’extrême- droite, Mattéo Salvini, véritable homme fort de l’actuel gouvernement italien. En tout état de cause, nous espérons que Battisti se verra néanmoins accorder les droits qui sont dus à toute personne soumise à la justice italienne, tout en respectant le principe constitutionnel selon lequel la punition ne peut jamais être une vengeance de l’État et que les droits et le respect de sa dignité sont toujours garantis au condamné.

18 janvier 2019

Leave a comment

Your e-mail address will not be published. Required fields are marked *